03 septembre 2007

Liège : "Hôtel Impala", 1er album solo du rappeur Balo, né "baloji" à L'shi ! Centré sur le Congo, sa mère et son père : sa vie bousculée...

Source :lalibre.be
Date de survenance :03 (?) septembre 2007
Date de première publication sur Internet : 03 septembre 2007

Texte intégral :
Rap : Baloji, le destin d'un sorcier.
Balo, ex-membre de Starflam, reprend son prénom complet pour son 1er album solo.
Album dense, "Hôtel Impala" touche en plein coeur.

ENTRETIEN
Interview par PASCAL DE GENDT.

Il est parfois difficile de ne pas croire au destin.
De ne pas considérer que certaines vies sont déterminées pour être aventureuses et d'autres plus calmes.

Prenons l'exemple de cet enfant africain né à Lubumbashi à la fin des années 70.
Sa vie ne commence pas forcément sous de bons auspices :
né d'une union illégitime entre un homme d'affaires du coin, directeur de l'Hôtel Impala, et une maîtresse d'un soir, il se voit prénommer Baloji, soit "sorcier" en swahili.
Vous parlez d'un départ dans la vie.

Cette vie, qui le conduira en Belgique où, des années plus tard, il se retrouvera au sein du groupe de rap Starflam - mais aussi au bord de l'expulsion faute d'avoir des papiers en ordre - sert de fil conducteur à "Hôtel Impala", son premier album solo.

On y croise des fantômes du passé, des envies d'avenir et 3 personnages principaux : le Congo, une mère qu'il n'a plus vue depuis l'âge de 4 ans, et un père qui expie sa faiblesse d'une nuit en prenant en charge le fruit de son adultère et en l'imposant à sa famille, en le ramenant en Belgique avant de disparaître sans laisser de traces.

Sur fond de hip-hop, de soul, de reggae, d'afro-beat, colère et sentiments s'entrechoquent pour donner, au final, un album aventureux, une épopée verbale remuante.
Une véritable réussite, en fait.

A quoi était dû ton départ de Starflam ?
Je suis parti pour des raisons personnelles.
Sans management, nous nous étions réparti le boulot entre nous.
Je m'occupais des deals, des relations avec la firme de disques...
Et cela m'a juste donné envie d'arrêter la musique.
En plus, artistiquement, je trouvais que je devais tourner la page Starflam.

Tu t'es immédiatement mis à travailler sur ton projet solo ?
Non, pas du tout.
Je n'avais vraiment aucune envie de me relancer dans la musique.

Quel a été l'élément déclencheur ?
Un concours de poésie à Paris.
Il y avait 200 euros à gagner.

Je n'avais pas trop d'idées, donc j'ai écrit sur ma préoccupation du moment :
des nouvelles que j'avais reçues de ma maman, que je n'avais plus vue depuis mes 4 ans.

Et j'ai gagné. J'étais vraiment aux anges et ça m'a remotivé.
Le 2ième élément, c'est ma fascination pour Marvin Gaye et la découverte d'un inédit, "I'm going home", où il chante "I'm going home to see my mother".

Ça recoupait tellement mon histoire que j'ai eu envie d'écrire un album pour ma mère qui se terminerait par ce morceau avec l'idée de retourner à Lubumbashi pour le lui donner.

Avec ta carte de visite, je suppose que l'idée n'a pas été difficile à concrétiser ?
Au contraire, cela a été la galère.
Le milieu de la musique n'était pas spécialement dans l'attente de quelque chose de ma part.

J'ai fait ça tout seul un peu dans mon coin avant de trouver Didier Likeng, un type formidable, qui est chanteur de gospel, bassiste et arrangeur.
Il vient d'un milieu différent, il fait de trucs afros qui se vendent à 500 exemplaires, donc il n'avait rien à perdre.
C'est le seul qui a cru en moi.

Lorsque ton père t'a amené en Belgique, tu étais resté en contact avec ta mère ?
Non, pas du tout.

Mais elle a vu un clip de Starflam au Congo.
Elle m'a alors écrit une lettre de 3 pages et s'est débrouillée pour me la faire parvenir via un intermédiaire.

Tu y es retourné depuis ?
Oui, cela a été fait en juillet.
J'ai été porté le disque à ma mère.

On a dû la retrouver dans Lubumbashi parce que j'avais juste l'adresse qu'elle m'avait indiquée et que, là-bas, il y a beaucoup de rues dont les noms ne sont pas indiqués et c'est un fameux bordel.

Ça nous a pris 45 jours et m'a donné beaucoup de matière pour le volume 2.

Tu as retrouvé l'Hôtel Impala ?
Non, il n'existe plus.

Mais, j'ai retrouvé mon père.

Je lui serais reconnaissant toute ma vie d'avoir eu la chance de grandir en Belgique. Et, en même temps, je lui en veux de ne m'avoir jamais expliqué ma situation familiale, de m'avoir laissé dans le non-dit.
Les sentiments sont mêlés.

Etonnant aussi : tu es vraiment Belge puisque tu as vécu à Liège, Bruxelles et Gand...
Oui, à Gand, avec ma copine dont les parents faisaient partie de la Volksunie. T'aurais dû voir leur tête quand elle m'a présenté à eux... (Rires).

Mais je revis à Liège, maintenant, c'est ma ville.

La crise que traverse le pays ne m'étonne pas du tout.
Je pense que les Flamands veulent que la Flandre devienne un nouveau Monaco.
C'est indéniable qu'ils considèrent la Belgique comme quelque chose d'inutile.

A mon avis, les dés sont jetés.
Et puis, les sensibilités sont tellement différentes : rien que dans le domaine musical, il y a peu d'artistes qui franchissent la frontière linguistique.

Et pourtant, Starflam a toujours eu plus de passages radio en Flandre qu'en Communauté française.
Et parmi les artistes que l'on retrouve sur ton album, il y a des Flamands comme les Glimmers et Gabriel Rios...
Avec Starflam, on a eu de la chance d'avoir trouvé quelqu'un qui nous a beaucoup fait tourner là-bas.

C'est comme à l'étranger :
si elles n'ont pas quelque chose d'équivalent dans leur production locale, les radios te prennent sur leur play-list.

Les radios flamandes ne jouent pas de groupes de rock wallons parce qu'elles considèrent qu'il y a déjà des groupes flamands qui font la même chose.
Mais il ne faut pas y voir des questions de préférence nationale ou de favoritisme.

Album "Hôtel Impala" (EMI).
En concert au Botanique, à Bruxelles, le 16 novembre 2007.
Titres en écoute sur www.myspace.com/baloji

Lien vers le texte original, intégral

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je viens de mettre un interview video online avec Baloji, ou il parle sur l'histoire derrière l'album. Je croyais que ça pourriait t'intéresser pour ton blog, voilà:

http://www.on-point.be/?p=821

stay on-point!

ciao,

lloyd

 
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