11 novembre 2006

Lubumbashi : encore 2 morts dans l’éboulement de la mine de Kalukuluku signale l'ACIDH

Source : Digitalcongo, Le Potentiel, ACIDH
Date de survenance : 11 novembre 2006
Date de première publication sur Internet : 20 novembre 2006

Texte intégral :

Deux morts dans l’éboulement de la mine de Kalukuluku près de Lubumbashi, au Katanga

Faustin Kuediasala Le Potentiel Kinshasa

Encore des morts provoqués par l’éboulement dans une mine dans la province du Katanga. Ainsi il ne se passe plus de jours sans que l’on signale une tragédie dans divers terrains miniers du Katanga où opèrent généralement des exploitants artisanaux faute d’un encadrement conséquent par des services spécialisés du ministère des Mines, notamment le Saeescam (Service d’assistance et d’encadrement du small scale mining), une structure du ministère des Mines, censée s’occuper des exploitants de la petite mine.

Le Saeescam brasse pourtant plusieurs milliers de dollars tirés des redevances minières versées à l’Etat par les entreprises du secteur. Mais, ironie du sort, ces millions de dollars prennent une autre destination alors qu’ils devaient, selon les prescriptions du Code minier de 2002, servir à l’encadrement et au suivi des activités des exploitants artisanaux. Par son activité, la petite mine est orpheline d’une structure d’encadrement alors que des millions de dollars sont versés tous les jours sur le compte de la Saeescam par le système de rétrocession des droits et taxes versées par l’Etat par des entreprises minières.

C’est souvent le Katanga qui se trouve victime. La mort a encore frappé dans les mines de Kalukuluku.

La mort par éboulement qui n’intéresse presque personne a déjà fait plus de 15 victimes parmi les creuseurs artisanaux de septembre à mi-novembre 2006, rapporte un communiqué de presse de l’ACIDH. L’ACIDH s’est dit « vivement préoccupée par les deux récents cas d’éboulements survenus aux mines de Kalukuluku et de Pompage le 11 novembre 2006, catastrophe ayant entraîné un mort et trois blessés parmi les creuseurs artisanaux ».

En effet, en date du 11 novembre 2006, dans la partie Nord-Est de la ville de Lubumbashi, signale le communiqué, à une dizaine de kilomètres du centre-ville, il a été enregistré deux éboulements meurtriers et simultanés qui ont transformé ces mines en un théâtre de désolation.

Pour un bref rappel, souligne l’ACIDH, ces deux concessions minières autrefois propriétés de la société d’Etat, la Générale des carrières et des mines (Gecamines), ont été cédées d’une part, à la faveur du nouveau code minier, à un sujet indien ShirazVirji qui a créé la Chemical of Africa (Chemaf) en vue de son exploitation sous numéro du registre du commerce, NRC, 8457 pour la mine de Kalukuluku, et d’autre part la cession a bénéficié, pour la mine dite de Pompage à la société sud africaine Metorex Group Campagny dont la filiale congolaise est dénommée Ruashi Mining et enregistrée au registre national du commerce sous NRC 8711. Le communiqué de l’ACIDH précise, par ailleurs, que l’éboulement survenu à Kalukuluku, concession attribuée à Chemaf a causé la mort d’un creuseur artisanal par asphyxie.

Le second, quant à lui, s’est produit à la mine de Pompage et a fait trois victimes grièvement blessées.

Bloqués dans les canaux creusés manuellement à plus de 15 mètres de profondeur, ces trois rescapés n’ont eu la vie sauve que grâce au secours leur apporté par leurs compagnons de travail restés en surface.
Ces personnes sont revenues à la surface après deux jours durant lesquels elles n’ont eu pour nourriture que de l’eau souterraine de cette carrière.
Elles ont par la suite été admises aux soins intensifs à l’hôpital militaire de la commune de Ruashi communément appelé hôpital Unaza.

Ces cas déplorés ne sont pas isolés, car ils viennent s’ajouter sur une longue liste dont les derniers cas en date se sont produits dans la mine de Pompage comme suit : le 2 octobre 2006, deux creuseurs artisanaux sont morts asphyxiés ;
le 23 septembre 2006, deux décès survenus dans les mêmes circonstances sont également signalés ;
le 15 septembre 2006, le même accident s’est produit, mais sans provoquer de perte en vies humaines ;
le 14 septembre 2006, vers 8h 30’, 6 morts et 16 blessés ont été enregistrés dans trois puits ;
le 12 juin 2006, trois creuseurs artisanaux ont perdu leurs vies dans les mêmes conditions.

L’Ong note avec stupéfaction que « ces événements troublants n’intéressent curieusement presque personne. Ils traduisent l’irresponsabilité des autorités compétentes et le manque de volonté politique dans l’encadrement de l’exploitation minière artisanale dans cette partie de la République ».

Eu égard à ce qui précède et étant donné l’arrivée de la saison de pluie, l’ACIDH déclare tenir « pour témoins la communauté tant nationale qu’internationale et invite les autorités locales et centrales du pays, à prendre des mesures relevant de leur compétence en appliquant sans faille le code et règlement miniers. Elles nous éviteront ainsi les éboulements dans les carrières minières au Katanga en général, et particulièrement dans les carrières de pompage et de Kalukuluku et veilleront à la promotion des conditions hygiéniques et sécuritaires des creuseurs artisanaux ».

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