03 mars 2007

Lubumbashi : les évêques demandent des investissements économiques massifs profitant d'abord à la population !

Source : DIA Afrique
Date de survenance : 03 mars 2007
Date de première publication sur Internet :19 mars 2007

Texte intégral :

RDC : Investissements économiques massifs profitant d'abord à la population
- Les évêques catholiques de la province ecclésiastique de Lubumbashi face à la question économique dans le pays et dans la province du Katanga


Lubumbashi – (D.I.A.) – "(…) Nous estimons que les investissements économiques massifs doivent profiter d’abord à notre peuple et ne pas se transformer en vastes pillages de nos ressources naturelles", affirment les évêques catholiques de la province ecclésiastique de Lubumbashi, dans le Sud de la République Démocratique du Congo, RDC. Les prélats ont rendu public récemment un message intitulé "Que notre espoir ne soit jamais déçu " (Cf Ps 70,1) dans lequel ils ont aussi abordé l'actualité économique dans la province civile du Katanga et dans l'ensemble du pays.

Les évêques de la province ecclésiastique de Lubumbashi écrivent aussi dans leur message que (…) la coopération bilatérale doit obéir à des normes éthiques claires, sans faux fuyants, dans la plus grande transparence. " (…) Après tant de décennies de gaspillage, de souffrances et de misère, le peuple congolais n’est plus en mesure de supporter la néo-colonisation, moins encore de servir d’appât pour l’enrichissement illicite d’une minorité de Congolais et de quelques étrangers jouissant des faveurs de certaines autorités au pouvoir", ont souligné les Ordinaires catholiques dans le Katanga dans leur message daté du 3 mars 2007.
"Pour nous, font-ils remarquer, le temps de ne servir que les intérêts étrangers est définitivement révolu".

Et de noter que le retour de la paix et l’avènement d’un nouvel ordre politique s’accompagnent de la promesse du retour des investisseurs ainsi que de la reprise de la coopération bilatérale, des signes, précisent les évêques de la province ecclésiastique de Lubumbashi, qui augurent d'une possible relance économique.

Dans le message qu'ils ont émis les évêques de la province ecclésiastiques de Lubumbashi ont parlé des défis dans la province du Katanga.
Ces derniers écrivent que de par son potentiel économique, sa démographie, sa position géostratégique et son histoire, le Katanga, leur province, occupe une place de choix en République Démocratique du Congo.
"Hier poumon de l’économie nationale, le Katanga est aujourd’hui miné par d’innombrables problèmes sociaux et économiques, à l’instar d’autres provinces de la RDC", expliquent-ils. Les prélats catholiques abordent dans cet ordre d'idées la question du secteur minier du Katanga.
Pour eux au lieu de contribuer au bien commun, la richesse minière tend à devenir une source de beaucoup de maux pour la population katangaise.
Les prélats dénoncent le fait que le secteur minier dans leur province est entouré d’un flou dont ils sont tous témoins.
"Depuis quelques années, nous observons un afflux d’investisseurs étrangers. Des carrières et des chantiers d’exploitation prolifèrent. Des usines de traitement de mines, dont certaines sont placées en pleins quartiers de forte concentration démographique, poussent comme des champignons", signalent les prélats.
Ceux-ci notent que le réseau routier, quant à lui, est fort sollicité par des engins lourds qui sillonnent jours et nuits, en causant les dommages que l’on peut imaginer.

"A certains endroits, font observer les évêques de la province ecclésiastique de Lubumbashi, on procède à la délocalisation forcée de paisibles citoyens, en vue d’exploiter les minerais enfouis dans le sol."
"Cette délocalisation", stigmatisent-ils, "se fait souvent avec brutalité, moyennant une minable contrepartie financière qui ne vaut même pas un mois d’un salaire minimum".

Témoins de ce genre d’événements tragiques, les prélats se demandent quelle est la valeur morale d’un code minier et d’un cadastre minier qui sacrifient le bien commun de la population et abandonnent des populations entières à la merci des investisseurs miniers étrangers peu scrupuleux.

Les Ordinaires du Katanga constatent aussi que les Congolais qui sont embauchés dans les sociétés minières sont victimes d’un traitement qui n’est ni respectueux de leur dignité d’hommes, ni de la législation congolaise en matière de travail.

Beaucoup ne disposent même pas d’un contrat de travail.
Alors que leurs collègues expatriés jouissent de salaires faramineux, signalent les prélats, aux Congolais on impose le statut de journaliers pendant de longues périodes.

Les évêques de la province ecclésiastiques de Lubumbashi ont aussi abordé le problème de creuseurs artisanaux, dont le nombre ne cesse d’augmenter.
Le seul Katanga en compte près de 70.000. "On assiste régulièrement à leurs affrontements avec des investisseurs miniers qui envahissent des concessions en brandissant des documents octroyés par le gouvernement central. En outre, ils consacrent beaucoup d’énergies dans des conditions très risquées pour un petit rien. Ils sont surexploités par de petits négociants et par de nombreuses personnes occultes oeuvrant dans les milieux de la sécurité", ont observé les prélats. Ces derniers ont reconnu que bien souvent ces creuseurs sont aussi à la base de beaucoup d’insécurité.

Selon les prélats, l’exploitation minière entraîne la dégradation écologique, citant le cas de Likasi, avec le degré de pollution fort avancée et les effets nocifs sur la vie de la population et sur l'environnement.
Sur ce point, les évêques de la province ecclésiastique de Lubumbashi se posent la question de savoir aussi dans quelle mesure la présence de l’uranium dans une partie de leur province (civile) pourrait épargner la composition chimique d'autres minerais (cuivre et cobalt) exploités dans les zones environnant Shinkolobwe.
Lesdits pasteurs catholiques dénoncent le mutisme qui entoure cette question d’écologie dans leur province et invitent les nouveaux dirigeants à prendre leurs responsabilités en cette matière.

Les Ordinaires catholiques de la province ecclésiastique du Lubumbashi disent un mot sur les termes de contrats signés entre les gouvernants et les investisseurs qui demeurent inconnus de la majorité du peuple (congolais).
"A la lumière du rapport du Panel de l’Onu, du rapport parlementaire de la Commission Lutundula et de beaucoup d’autres études, plusieurs personnes pensent que la plupart de ces contrats, sinon tous, sont léonins", ont souligné les pasteurs catholiques. "De fait, ont indiqué ceux-ci, nous ne sentons pas que l’Etat congolais en tire un grand profit. En tout cas, le peuple n’en bénéficie pas. Les retombées économiques et sociales de l’exploitation minière au Katanga nous semblent presque inexistantes." Les prélats se disent bouleversés par le fait que plus les investisseurs miniers envahissent le Katanga, plus la pauvreté, le chômage et les problèmes sociaux augmentent.

Le nombre de compagnies minières dans leur province est sensé augmenter les recettes de l’Etat, suivant les évêques de la province ecclésiastique de Lubumbashi. "Mais, au Katanga, il existe un mystère épais sur les taxes payées par les investisseurs miniers.
Le réseau routier, à la réhabilitation duquel elles sont entre autres sensées contribuer, souffre d’une tragique vétusté. Si rien n’est fait pour changer cette situation dramatique, le Sud du Katanga perdra le peu de praticabilité de ses routes", soulignent-ils. Les prélats estiment que l'ordre doit être mis dans le secteur minier. Et d'écrire ce qui suit : "Alors que les bénéfices des investisseurs croissent sensiblement, les travailleurs, eux, s’appauvrissent davantage. Notre économie locale n’en tire apparemment pas de profit palpable. Le peuple se demande à qui profite finalement l’exploitation minière au Katanga."

Les pasteurs catholiques de la province ecclésiastique du Katanga demandent aux nouveaux dirigeants de leur province de mettre de l’ordre dans le secteur minier, en sachant que le Congo n’est ni à vendre, ni à brader, fût-ce au nom des intérêts d’une minorité occulte. "Les richesses de notre province doivent profiter à notre peuple. Les lois régissant leur exploitation doivent être claires et les conditions de travail conformes à la dignité humaine", affirment-ils. "Il importe, pour cela, que les contrats miniers soient réexaminés par notre Parlement. Celui-ci veillera à ce que les intérêts de notre pays et particulièrement ceux des populations locales soient garantis et respectés", suggèrent les prélats.

Lesdits Ordinaires saisissent cette occasion pour manifester publiquement leur indignation par rapport à la menace que les creuseurs miniers artisanaux font peser sur le lycée Lubusha de Luisha, dans l’archidiocèse de Lubumbashi. Les prélats appellent les autorités provinciales à sauver ce joyau touristique, consacré à l’éducation des filles, en éloignant les creuseurs miniers artisanaux et en punissant ceux qui se cachent derrière eux.

Les évêques de la province ecclésiastique de Lubumbashi font remarquer que les minerais ne sont pas la seule richesse du Katanga, relevant qu'il y a aussi le secteur agricole et celui du tourisme, sans oublier le bois et la pêche, qu’on tend souvent, selon eux, à occulter indûment. Dans la perspective d’un développement durable dans leur province, il est urgent, estiment les prélats, que le peuple katangais poursuive la réflexion sur « un Katanga sans mines ».

Soigner l’image du pays au poste frontalier Kasumbalesa est un autre point abordé par le message des évêques de la province ecclésiastique du Katanga daté du 3 mars 2007. "Kasumbalesa offre (…) un spectacle de désolation dont le Katanga souffre. Il y règne un chaos qui cache mal un réseau de corruption qui fait perdre d’énormes revenus dont notre pays et notre province ont grandement besoin. La multitude de services de l’Etat qui y ont élu domicile ne fait qu’allonger et aggraver la souffrance non seulement des opérateurs économiques et des voyageurs congolais, mais aussi de nos hôtes", déplorent les pasteurs catholiques. Ces derniers relèvent que le contraste est frappant par rapport à l’hospitalité et à la courtoisie des services des voisins zambiens. Ils notent que les étrangers qui viennent dans leur province en gardent des souvenirs douloureux, "qui reflètent, précisent-ils, le désordre qui nous caractérise". A propos du péage imposé aux usagers de la route Kasumbalesa, les pasteurs catholiques soutiennent qu'il est impératif que l’argent perçu serve réellement à réhabiliter la route et les ponts. "L’état actuel de cette route nationale qui ouvre notre province à l’Afrique australe est déplorable", font-ils remarquer. Les pasteurs catholiques exhortent les nouveaux dirigeants "à user de leurs pouvoirs pour, non seulement désengorger Kasumbalesa, mais aussi y redorer l’image de notre pays et de notre province".

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