10 novembre 2006

L'écrivain Maliza Mwine Kintende et d'autres de Lubumbashi remportent le concours de la meilleure nouvelle de langue française (AIF) !

Source : allAfrica, Le Potentiel
Date de survenance : début novembre 2006 ?
Date de première publication sur Internet : 10 novembre 2006

Texte intégral :

Congo-Kinshasa: La Tourmente, recueil de nouvelles de Kinshasa et de Lubumbashi sous la direction de Yoka Lye Mudaba et de Maliza Mwine Kintende

Le Potentiel (Kinshasa) Publié sur le web le 10 Novembre 2006

Professeur Alphonse Mbuyamba Kankolongo, université de Kinshasa

Introduite au Congo à l'époque coloniale à la faveur des concours littéraires, il a fallu attendre plus d'une décennie après l'Indépendance pour que la nouvelle ne réapparaisse timidement. De nos jours, elle s'est insérée dans la pratique littéraire de notre pays en exprimant les préoccupations du public.

En s'intéressant à des faits sociaux de toutes sortes, en relatant des histoires qui sont proches du vécu des gens, en choisissant ses personnages parmi les individus ordinaires (le fossoyeur, le chauffeur de taxi, le bouquiniste, l'ivrogne, le clochard, l'enfant de la rue, etc.), nos nouvellistes produisent aujourd'hui des oeuvres qui semblent répondre aux attentes du grand nombre de ses lecteurs.

Parmi les écrivains de ces trois dernières décennies qui se sont confirmés dans le domaine de la nouvelle, deux noms méritent d'être cités : Maliza Mwine Kintende de Lubumbashi et Yoka Lye Mudaba de Kinshasa.

Tous deux ont été révélés au public par le concours de la meilleure nouvelle de langue française qu'organise annuellement Radio France Internationale en collaboration avec l'Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF).

Les treize nouvelles de ce recueil collectif s'intitulent respectivement comme suit :
1. Prince de sable, par Yoka Lye Mudaba
2. Silence de mort, par Pierre Mumbere
3. Une heure du matin, par Jean-Robert Kasele
4. Le disparu du Type-K, par Gratien Kitambala
5. Le cocktail, par Floribert Kanku
6. La chambre interdite, par Norbert Mpoyi
7. Je la tuerai, par Gratien Kitambala
8. Le bouc émissaire, par Carlo Ngombe
9. Femme-loque, par Kazadi Ngeleka
10. La fille de mon oncle, par Olivier Musangi
11. Sauvé par la guerre, par Jeanne Nkomba
12. Le fugitif, par Willy-Claude Tshimbalanga
13. Adieu, mon village, par Pascal Nsenga.


Les nouvelles de Kinshasa s'inscrivent dans le cadre d'un atelier d'écriture animé par Lye M. Yoka avec beaucoup de dévouement ( ) en partageant avec les jeunes son expérience d'écrivain et de nouvelliste (p.7).

Celles de Lubumbashi, par contre, se situent dans un autre contexte comme le souligne le préfacier : « Lubumbashi a suivi une démarche différente. C'est à la faveur de la semaine de la Francophonie de mars 2004 qu'un concours a été organisé sous l'égide de l'ambassade de France et avec la collaboration de l'alliance franco-congolaise de cette ville ( ).

Le concours était focalisé sur un genre, la nouvelle, et sur un thème, la guerre » (p.11).

Si donc la thématique des nouvelles de Lubumbashi gravite autour de la guerre - en particulier- celle dite de libération de Mzée Laurent-Désiré Kabila déclenchée en octobre 1996-, par contre, la thématique des nouvelles communément appelée shegué (Lye M. Yoka), les difficultés de transport à Kinshasa (Pierre Mumbere), les déboires d'un couple (Jean-Robert Kasele), l'accident d'un Antonov sur le marché dit Type-K à Ndolo, à Kinshasa (Gratien Kitambala), etc.

Sur ce thème de la guerre, voici ce qu'en dit le préfacier : « les critiques ont fustigé le mutisme des écrivains face aux atrocités d'une guerre qui a coûté 3,5 millions de morts au Congo.

Ils ont déploré le silence des prophètes, l'absence de maîtres à penser, le manque de voyance des poètes, la fiction sans rêve des romanciers ». Mais les critiques ont-ils raison en son temps de s'en prendre aux écrivains qui n'ont pas exploité les deux récentes guerres de la Rd-Congo pour en faire une matière poétique, narrative ou théâtrale ?

Comme on le sait, l'écrivain n'est ni un journaliste qui décrit les événements à chaud, ni un partisan de l'histoire immédiate. Il est, au contraire, l'analyste froid qui mise sur le recul du temps.

Ainsi, Entre les eaux de V.Y. Mudimbe paru en 1979 évoque la rébellion muleliste qui date des années 60, donc plus de dix ans avant.
Récemment, La chorale des mouches de Mukala Kadima-Nzuji publié en 2004 décrit entre autre les péripéties de la consultation populaire de Mobutu de 1990 ainsi que celles de la Conférence nationale souveraine qui s'est tenue de 1991 à 1993, donc plus de dix ans après !

Je crois, sur ce point précis, qu'en littérature, il faut toujours laisser le temps au temps. Ne résiste au temps, est a-historique, que ce qui a été bien fait !

Pour revenir au thème de la guerre qui sous-tend les nouvelles de Lubumbashi, disons qu'il est traité avec des bonheurs égaux par ses auteurs.

Leur intérêt général, cependant, est de faire découvrir au public leurs témoignages les plus poignants sur les réalités effrayantes et grotesques à la fois comme les porte-parole des sans voix et les redresseurs de tords de la société qui va à la dérive.

Dans Le bouc émissaire de Calro Ngombe, on peut lire : « C'est bientôt l'aube. L'Est qui rougeoie se prépare à offrir à l'humanité un nouveau jour, de nouvelles émotions. Soudain éclate une intense fusillade ponctuée d'explosions sourdes qui font vibrer les maisons sur leurs bases. L'histoire, d'une main violente et sanglante, écrit un nouveau drame. La nième guerre du Congo vient d'éclater » (p.112).

Autrement, La Tourmente -ce titre traduit toutes les tragédies socio-politiques que connaît notre pays depuis son indépendance en 1960-, n'offre nullement à la littérature congolaise moderne ni un renouvellement thématique, ni des formes ; au contraire, elle porte les marques d'une écriture conforme aux règles classiques du genre.

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