06 février 2006

Lubumbashi, Ruashi : la souffrance des enfants dans les mines de cuivre du Katanga , à Lubumbashi(AFP)

Source : Congoforum.be, AFP
Date de survenance : février 2006...et avant, et après !...
Date de première publication sur Internet : 5 février 2006

Résumé : "Ici, on souffre beaucoup". Dans la mine de cuivre artisanale de Ruashi, près de Lubumbashi, au Katanga (sud-est de la République démocratique du Congo), les jeunes n'arrêtent pas leur harassant travail, même pour la visite d'un ministre belge.

A la pioche, à la bêche, ils sont des centaines à fouiller la terre grisâtre et savonneuse de ce terrain laissé à l'abandon par la Gécamine.

Les plus forts, âgés d'une vingtaine d'années, sont au fond de trous de cinq à dix mètres de profondeur, où n'existent aucune mesure de sécurité. Par petits groupes de 4 ou 5, ils arrachent du sol une demi-tonne de terre sablonneuse par jour.

Papi Katambo, 18 ans, muscles tendus, travaille à la mine depuis 4 ans, "tous les jours sauf le dimanche", malgré les accidents fréquents, la nocivité de la terre, parfois radioactive, et le risque pour la santé de la présence de métaux lourds.

Tout cela pour 30 à 40 euros par jour, ce qui peut paraître une belle somme, dans un pays où beaucoup de gens vivent avec moins d'un dollar quotidien, mais qui "permet à peine de payer le savon et un peu à manger", explique Papi Katambo. Pour bien vivre, il en faudrait "100 ou 200".

Car le creuseur doit aussi payer son affiliation à l'EMAK (Entreprise minière artisanale du Katanga), sorte de coopérative qui rassemble les creuseurs des mines artisanales de la province.

Il faut aussi rémunérer les "transporteurs", souvent des adolescents, qui chargent des sacs de 15 à 40 kilos sur leur dos pour les porter jusqu'à de grandes flaques boueuses où de très jeunes enfants, qui semblent avoir de 8 à 12 ans, sont chargés du tamisage.

Pieds nus dans la glaise jusqu'aux genoux, ces gamins malaxent des boulette de terre pour en extraire de petites pépites verdâtres, le cuivre dont regorge le sol du Katanga.

Jacob May, un négociant de 38 ans, souligne que le vrai problème, pour les travailleurs, se situe dans les comptoirs, tenus à Lubumbashi par "Coréens et Chinois", qui achètent le cuivre de Ruashi et des autres mines à un prix sous-évalué.

"Il faut de la transparence entre les négociants et les acheteurs. Il faut que les balances soient contrôlées, que la teneur en cuivre soit évaluée correctement", explique Jacob May.

Sur l'ensemble de la province du Katanga, il y aurait 30.000 enfants de moins de 18 ans dans ces mines artisanales, selon une estimation du Bureau international du travail (BIT).

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05 février 2006

Lubumbashi : Les creuseurs à Ruashi - «C'est la misère qui les pousse» (La Libre Belgique)

Source : Congoforum.be et La Libre Belgique
Date de survenance : février 2006...et avant, et après !
Date de première publication sur Internet : 4 février 2006

Résumé :
Rencontre avec les creuseurs de la mine artisanale de Ruashi.

Une ceinture de skaï sangle serré son pantalon autour de sa taille. Quatre sacs sur l'épaule, Ilunga court, les pieds chaussés de boue craquelée, pour que l'élan de la pente boueuse lui donne la force de gravir l'autre versant, derrière lequel brille «sa» mare. Ilunga, 26 ans, est creuseur indépendant à la mine artisanale de la Ruashi, à quelques km de Lubumbashi, capitale du Katanga. Quand il aura lavé le contenu de ses sacs dans la mare, grâce à un grand tamis, il versera ce qu'il a gardé -un gros gravier vert malachite, de l'hétérogénite- dans le sac où il entasse le fruit de son labeur. Au marché voisin, il vendra l'hétérogénite 200 FC/kg (1 dollar = 420 FC); à Lubumbashi, cela vaut 500 FC/kg.

Ilunga est content de son travail: «Parfois je pars après 4 heures de travail, parce que j'ai gagné assez». Mais Lili, femme de creuseur, n'est pas de cet avis. Son mari vient «se débrouiller» ici, alors qu'il a étudié.

«Ils sont creuseurs parce qu'ils n'ont plus assez de réserves économiques pour être agriculteurs, métier qui exige d'attendre plusieurs mois avant de toucher l'argent de la récolte», explique un spécialiste du secteur. «C'est la misère qui les pousse».

On évalue qu'il y a de 60000 à 80000 creuseurs artisanaux au Katanga. «C'est surtout dans ce secteur informel que se posent les problèmes de sécurité (éboulements) et de salubrité (émanations toxiques des fours artisanaux), poursuit-il.

«De plus, souligne notre spécialiste, la plupart des acheteurs d'hétérogénite sont des étrangers (Indiens, Chinois, Grecs...) et ils exportent leurs bénéfices. Il reste très peu au Katanga». Selon des chiffres cités fin 2005, lors d'un colloque à Bruxelles, les creuseurs katangais ont un chiffre d'affaires d'environ 700000 dollars; sur le marché international, leur production vaut 47 millions de dollars.

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